Inventaire et évaluation des écosystèmes dunaires et des aménagements de protection douce sur le littoral du Languedoc-Roussillon

Contexte

Les écosystèmes dunaires du littoral de la région Languedoc-Roussillon constituent un élément clé de sa pérennité ; or ils sont soumis à de multiples contraintes, d’origine naturelle et anthropique ; ils doivent donc être protégés pour une gestion durable du littoral. Cette prise en compte est effective depuis une trentaine d’année et des ouvrages de protection « douce » ont été mis en place dans certains secteurs, où ils peuvent répondre à plusieurs objectifs, de la reconstitution de la dune en elle-même à la gestion de la fréquentation. Aujourd’hui dans le contexte du changement climatique, les modifications des dynamiques littorales fragilisent davantage encore ces systèmes. Afin d’établir une gestion cohérente du littoral régional face à ces aléas et de pouvoir anticiper son évolution future, il apparaît nécessaire de réaliser un état des lieux des écosystèmes dunaires, ainsi que d’évaluer les ouvrages de protection en place et leurs modalités de gestion. Ce travail d’inventaire et d’évaluation doit fournir les bases nécessaires pour analyser la gestion passée et présente.

Objectifs

La première phase de ce travail a consisté en deux points :

  • une synthèse bibliographique, qui a permis d’une part de caractériser les associations végétales des dunes de la région, en faisant apparaître leurs particularités (conditions écologiques, habitats), d’autre part de définir une typologie des aménagements existants (objectifs, mise en œuvre, efficacité, limites).

  • la définition d’une méthodologie d’évaluation, qui a posé les limites de l’exercice : échelle de prise en compte des unités dunaires et des aménagements, transects représentatifs (pour la végétation), indicateurs Sur les bases méthodologiques définies dans la première phase, la seconde phase de cette mission s’est déroulée pour l’essentiel sur le terrain : il s’agissait de réaliser les inventaires des unités végétales dunaires (2 critères d’étude : état de conservation et valeur patrimoniale) et des aménagements (critères : état, efficacité, pertinence). Chaque unité dunaire et chaque aménagement a fait l’objet d’une fiche détaillée, le tout étant regroupé au sein d’une base de données sous forme de SIG. Enfin, la troisième phase a conduit à la réalisation des cartographies départementales et communales synthétisant les résultats des inventaires, ainsi qu’à leur analyse.

Résultats

Écosystèmes dunaires

Moyenne des résultats des évaluations par département : état de conservation (EID 2010)

L’habitat haut de plage reste l’habitat le plus dégradé dans tous les départements. La dune embryonnaire et la dune vive sont dans meilleur état de conservation dans le Gard et l’Hérault que dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales.

Moyenne des résultats des évaluations par département : valeur patrimoniale (EID 2010)

La valeur patrimoniale des habitats est globalement plus importante dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales que dans le Gard et l’Hérault. Les dunes embryonnaires et vives possèdent une valeur patrimoniale généralement plus faible que les autres habitats dunaires, en raison de la faible fréquence de présence des espèces protégées au sein de ces habitats. La diversité de groupements végétaux est plus importante dans l’ouest de la région, de plus nombreuses espèces protégées sont présentes, cependant la protection des milieux est moindre sur ce secteur du littoral régional et l’état de conservation des habitats est assez faible. Il parait donc nécessaire à la lumière de ce rapport de développer des actions rapides pour protéger les secteurs dunaires à l’ouest de la région. Parallèlement à la protection et la restauration de ces espaces dunaires, il sera intéressant de favoriser des pratiques plus douces de gestion des plages en adaptant les méthodes à chaque secteur considéré.

Aménagements de protection douce

Tous types confondus, 215 aménagements ont été recensés et localisés ; parmi eux 7 n’ont pas fait l’objet d’évaluation, considérés comme n’ayant pas de vocation « dunaire » au sens strict ; les 208 restants constituent les véritables aménagements de protection douce objets de cette évaluation. Globalement, les ¾ de ces ouvrages sont en état bon ou moyen, le quart restant est nettement dégradé (graphiques ci-dessous). Leur efficacité a été évaluée positive, puisque moins de 10% d’entre eux ont été jugés inefficaces. Enfin, la grande majorité des aménagements sont reconnus comme étant pertinents tant du point de vue de leur adaptation à la problématique du site que des modalités de réalisation. 2% ne sont pas pertinents et relèvent donc d’erreurs d’appréciation sur la problématique du site et/ou les solutions retenues.

Les mises en défens, quasiment toutes constituées de lignes de ganivelles entourant les dunes à préserver, représentent les aménagements dont l’état est le plus médiocre : ¼ seulement est en jugé en bon état, ¼ est dégradé, la moitié est en état moyen. Qui plus est, leur efficacité n’est optimale que pour un petit tiers d’entre eux ; 13% n’ont pas eu d’efficacité nette, mais cela peut correspondre à des ouvrages récents, dont les effets sur le milieu (cicatrisation végétale) n’apparaissent qu’au bout de plusieurs années. Cette situation est donc susceptible d’évoluer avec le temps. Mais cela correspond également, dans certains cas, à des lignes de ganivelles dont l’ensablement est tel qu’elles ont perdu leur efficacité en tant que clôture. En revanche, leur pertinence n’est jamais remise en cause. Il reste donc une réflexion à mener non sur le principe, mais sur les modalités de réalisation de ces mises en défens (choix des matériaux, par exemple).

Mise en défens à Canet (66)

Les apports sableux, qui permettent de reconstituer les volumes dunaires perdus, sont pour la plupart dans un bon état de conservation. Certains se sont mêmes accrus en situation favorable : largeur de plage disponible, végétation ou ouvrage favorable au piégeage du sable transporté par le vent. Néanmoins ¼ des apports présente des signes nets de dégradations (formes d’érosion éolienne ou marine, causées ou aggravées par une fréquentation mal maîtrisée). Majoritairement, ces apports sableux ont été jugés efficaces (dunes existant même de nombreuses années après l’apport sableux). Leur pertinence est avérée, et ce type d’aménagement peut être renouvelé, en fonction des stocks sédimentaires disponibles.

Talutage au Grau-Du-Roi (30)

Les aménagements de piégeage de sable (maillages de lignes de ganivelles) présentent un meilleur état que les lignes de mises en défens, qui sont plus accessibles au vandalisme. La même proportion (27%) d’entre eux est d’ailleurs en état de dégradation avancée. Leur efficacité est démontrée ; un très faible pourcentage (4%) est estimé médiocre. La pertinence de ce type d’ouvrage n’est pas totale : quelques uns (3) sont jugés inadaptés. Le succès de ce type d’aménagement reste étroitement lié aux conditions locales des sites traités (plage large et haute, sable fin) et au respect de certaines modalités de réalisation (position et dimensionnement des ouvrages, choix des matériaux).

Ouvrage de stabilisation aux Orpellières (Sérignan-34)

Les paillages évalués (épandages de roseaux coupés ou fixation d’un filet géotextile biodégradable sur le sable) présentent des résultats mitigés ; une moitié d’entre eux est qualifiée d’une bonne efficacité, mais 10% (2 aménagements) ont été estimés inefficaces. En revanche leur pertinence est totale ; l’utilisation de ce type d’aménagement encore peu répandu est donc sans doute appelée à se développer à terme.

Paillage Grau-du-Roi (30)

Souvent liées aux paillages, les opérations de végétalisation dunaire, encore très rares à l’échelle de la région, présentent néanmoins des résultats corrects, notamment en termes d’état (taux de survie des plantes ou recouvrement végétal) : aucun résultat médiocre à déplorer. L’efficacité est moins nettement démontrée, mais il s’agit du type d’aménagement le plus aléatoire (plantation d’espèces adaptées, en milieu sec, salé et mobile). Une seule opération de végétalisation a été notée non pertinente (espèces végétales non adaptées au site, voire non dunaires). Ces résultats doivent inciter à renouveler ces expériences, sur la base de cahiers des charges rigoureux.

Végétalisation secteur du Travers (Carnon-34)

Télécharger le rapport de phase 1 : Synthèse bibliographique et mise en place d’une méthodologie d’évaluation

Télécharger l’annexe de la phase 1 : Données phytosociologiques issues de la bibliographie

Télécharger le rapport de phase 2 et 3 : Travail de terrain et acquisition de données ; analyses et recommandations

Pour les annexes par communes de l’évaluation dunaire et des aménagements veuillez nous contacter.

Contacts : Philippe Richard Hugues Heurtefeux

Documents

Documents
Type Titre Chargé le Poids
annexe phase1 08/10/2018 142.5 ko
phase1 evaluation ok 08/10/2018 12.3 Mo
rapport evaluation phase 2 3 ok 08/10/2018 942.2 ko