Mitigation et atténuation du risque de submersion marine

Contexte et définition

L’expérience montre que le recul stratégique (étude menée par l’EID en 2010 : Etat des lieux sur le recul strategique), est un mode de gestion relativement long à mettre en place. La politique régionale en termes d’entretien des ouvrages de défense ne prévoit pas d’abandon avant 2030. Cependant, la ligne de défense actuelle du trait de côte ne pourra pas être maintenue partout en raison du coût que cela représente face à l’intensité des aléas naturels notamment face à la submersion marine en lien avec l’élévation du niveau de la mer. A terme il s’agit du mode de gestion des risques érosion et submersion le plus avantageux en termes socio-économiques et patrimoniaux.

En attendant de pouvoir développer et appliquer le recul stratégique dans les secteurs concernés, il s’agit de travailler sur la prévention des risques. Il faut pouvoir proposer des mesures de protection des enjeux, notamment dans les zones habitées en raison du risque encouru par les habitants en période de tempête. Un des objectifs majeurs est, par ces mesures, de faire prendre conscience de l’importance des risques littoraux aux acteurs locaux, notamment les usagers et habitants du littoral. Ces propositions s’intègreraient ainsi dans un contexte de mitigation.

Il s’agit des actions qui conduisent à réduire l’intensité de certains aléas (inondations, submersion marine…) et la vulnérabilité des enjeux pour faire en sorte que le coût des dommages liés à la survenue de phénomènes climatologiques soit supportable par notre société (Syndicat Mixte du Bassin de Thau, 2009). D’après les travaux menés sur le Bassin d’Arcachon (Lydie Goeldner-Gianella, 2009), Mitiger consiste à rendre quelque chose "plus doux, moins rigoureux", moins intense. Mitiger un risque revient à minimiser les biens économiques et les vies humaines tels que les habitations, les infrastructures industrielles et commerciales, les réseaux de communication, d’électricité et d’eau, ainsi que les bâtiments nécessaires à la gestion de crise (hôpitaux, caserne de pompier…). Toutefois, le « risque zéro » n’existant pas, la mitigation consiste à réduire la fragilité des enjeux, et non à la supprimer.

Dans cette étude, nous travaillerons essentiellement sur les enjeux et non sur les aléas, il s’agit de réduire la vulnérabilité de ces enjeux. Localement, le Syndicat Mixte du Bassin de Thau a déjà définit la mitigation des risques naturels comme une composante du développement durable. On investit aujourd’hui pour des phénomènes qui auront lieu demain. Elle oblige aussi à penser « risque » dans les principes de construction ou de composition urbaine :

  • à définir les règles de maîtrise d’ouvrage,

  • à développer des savoirs en formant,

  • à instituer un contrôle technique des constructions (comme pour les véhicules),

  • à former les acteurs de l’aménagement et de la construction à la prise en compte des phénomènes climatiques et géologiques,

  • à instituer des aides et des financements, comme en matière de valorisation du patrimoine,

  • à expliciter dans les documents et les réunions publics l’intérêt de cette approche alternative

(Source : Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux Bassin versant de l’étang de Thau, Fiche 20, Gestion des inondations, Etat des lieux - Diagnostic, 2009)

Objectifs

Inventorier et expérimenter les techniques de mitigation possible en milieu littoral.

Résultats

Phase 1 : inventaire des techniques existantes

Après avoir définit la vulnérabilité ainsi que la mitigation l’objectif a été de dresser l’inventaire des techniques ayant déjà fait leurs preuves en terme de submersions fluviales et voir si elles sont transposables aux submersions marines. Il faut repréciser que nous traiterons ici seulement de l’adaptation de l’existant, il ne s’agit pas d’inciter à l’occupation de zones submersibles par le biais de ces techniques. On se situe bien donc dans une phase préalable au recul stratégique. L’objectif n’est pas non plus de proposer une gestion de crise lors d’une submersion marine mais de prévenir cette crise, il s’agit donc là encore de prévention.

Grâce à un travail de bibliographie, les techniques de mitigation à l’aléa inondation fluviale ont été listées en fonction de 6 facteurs :

  • Configuration spatiale
  • Cohésion sociale
  • Sensibilité environnementale
  • Diversification économique
  • Structure politico-institutionnelle
  • Niveau de développement

De plus un tableau de répartitions des mesures de mitigation dictée par les PPR réparties en fonction de leur échelle d’application (échelle de la propriété et échelle communale) a été réalisé. Ce travail à deux niveaux est important.

  • L’échelle de la commune (ou du groupement de commune) : dans un territoire donné des techniques peuvent être recommandées pour réduire la vulnérabilité. Dans le cas des submersions fluviales c’est, par exemple, l’aménagement de bassin de rétention des eaux dont le principe peut se retrouver dans la libération d’un espace le long de la côte pour atténuer l’intensité d’une tempête. Certains aménagements publics, comme les caniveaux surdimensionnés ou des échelles de niveau d’eau, permettent de réduire la vulnérabilité de façon directe d’une part mais aussi de façon indirecte en aidant la population à prendre conscience du risque.

  • L’échelle de la propriété : pour une habitation donnée des techniques de protection font déjà leurs preuves en termes de prévention des crues comme les aménagements à l’étage, les bâtardeaux, … Comme expliqué dans le document du Ministère du développement durable et de l’écologie (Éléments pour l’élaboration des plans de prévention du risque inondation, La mitigation en zone inondable, Réduire la vulnérabilité des biens existants, 2005), on peut distinguer ici :

  • les techniques inhérentes à la structure même d’un bâtiment telles que le rehaussement du plancher, l’abandon des sous-sols, la transformation du rez-de-chaussée en garage,…

  • les techniques concernant l’aménagement intérieur d’un bâtiment de telle sorte qu’il ne soit pas endommagé par l’inondation : meubles surélevés, mobiliers et équipements non vulnérables, choix des matériaux, …

les éléments susceptibles d’être pris en compte pour réduire la vulnérabilité de l’habitat aux inondations

Télécharger le rapport de phase 1 : Mitigation et atténuation du risque submersion marine : inventaire des techniques existantes

Phase 2 : inventaire des prescriptions obligatoires imposées au bâti

Ce travail a été réalisé à l’échelle régionale faire l’inventaire, pour chacun des PPRN approuvés sur les communes ayant une façade maritime, des prescriptions obligatoires imposées au bâti existant. Ces mesures de mitigation peuvent concerner la vulnérabilité des biens, des personnes, des réseaux publics.

transformateur éléctrique

Les règlements des PPRN ont été analysés uniquement pour ces communes : relever et mettre en avant les phrases clés du règlement qui permettent de réduire la vulnérabilité des bâtiments.

mesures de mitigation en fct du zonage sur 15 communes littorales du LR

A l’issue de l’inventaire il sera possible d’évaluer un niveau de développement des prescriptions relatives à la submersion notamment par rapport aux conseils émis par le Ministère du développement durable pour la bonne intégration dans les PPR :

  • Expliquer et justifier

  • Distinguer les mesures sur l’existant dans le règlement

  • Bien distinguer les catégories de mesures entre elles

  • Rédiger des mesures sur l’existant précises et compréhensibles Ces conseils ont été rédigés pour les risques de crues mais peuvent s’appliquer au risque de submersion marine. Suite à ce travail des propositions de techniques de mitigation ciblant précisément la submersion marine ont été faite.

Mesures de mitigation pouvant être mises en place sur les constructions pour les habitations individuelles

Télécharger le rapport de phase 2 : Mitigation et atténuation du risque submersion marine : inventaire des prescriptions obligatoires imposées au bâti

Phase 3 : étude de terrain pour hiérarchiser les priorités

Les deux premières phases de la présente étude ont permis de faire l’état des lieux des mesures existantes en termes de mitigation et de constater que les mesures réellement adaptées au risque de submersion marine sont peu mises en avant dans les documents réglementaires. Cependant de nombreuses mesures de mitigation concernant l’inondation sont adaptables au risque submersion marine.

La 3e et dernière phase de l’étude prévoit la réalisation de plusieurs idéotypes, à savoir des cas-types qui résument à eux seuls la majorité des cas possibles rencontrés sur le littoral du Languedoc-Roussillon.

Le secteur choisi a été celui de Frontignan-plage dans l’Hérault. Il a servi de base à la définition des besoins en termes de mitigation et donc la mise en place de cas type et d’une trame d’entretien. Sept cas type avaient été définis avant les entretiens réalisés : Maison / Appartement à étage

  1. Maison / Appartement de plain-pied avec un espace refuge
  2. Maison / Appartement de plain-pied surélevées par rapport au haut de plage (escalier, remblai, etc.)
  3. Maison / Appartement de plain-pied sans surélévation
  4. Maison / Appartement en contre bas du haut de plage
  5. Cabanes/mobil homes/caravane
  6. Autres
cas type

Des critères concrets ont permis de dégager une trame d’entretien d’une quarantaine de questions.

critère de vulnérabilité pris en compte sur le secteur test

A l’issue de ces entretiens, il a s’agit de proposer des pistes de réflexion pour que la commune puisse agir pour réduire la vulnérabilité de sa frange littorale avec notamment 3 axes :

  • Plus de clarté des réglementations de construction
  • Travailler sur les questions d’accessibilité au littoral
  • Faire un travail de communication sur le risque de submersion marine
la culture du risque comme facteur de réduction de la vulnérabilité

Télécharger le rapport 1 de la de phase 3 : Mitigation et atténuation du risque submersion marine : étude de terrain pour hiérarchiser les priorités - présentation de la méthode

Télécharger le rapport 2 de la de phase 3 : Mitigation et atténuation du risque submersion marine : étude de terrain pour hiérarchiser les priorités - résultats du travail de terrain

La plaquette de sensibilisation issue de ce travail sera disponible prochainement.

Contacts : Provence Lanzellotti Hugues Heurtefeux

Documents

Documents
Type Titre Chargé le Poids
mitigation phase1 rendu cper eid vf 16/10/2018 1.5 Mo
mitigation phase2 cper eid vf 16/10/2018 5.9 Mo
mitigation phase3 rapport1 cper eid 16/10/2018 17.5 Mo
mitigation phase3 rapport2 cper eid 16/10/2018 2.4 Mo